ABBASI (Siyavash
Awesta)
Entretien avec Jacques Vergès(Avocat)
 |
Pendant
plus de 30 ans Monsieur ABBASI, grâce à ses émissions
télévisées et radiophoniques, a interviewé plusieurs
dizaines de personnalités internationales… Voici l’une
d’entre elles ! |
David ABBASI
: Un grand révolutionnaire. N’importe où que vous soyez vous
demandez le plus connu, le plus célèbre avocat du monde, c’est
Jacques Vergès.
Maître Jacques Vergès Bonjour.
Jacques
VERGES : Bonjour
David ABBASI
: Maître Vergès est un guerrier parmi les soldats de Dieu ou du
Diable, du mal ou du bien. Comment vous vous voyez ?
Jacques VERGES :
Ecoutez, je ne vois pas le monde quand même de cette manière, le
bien et le mal mais disons que je me bats pour un idéal qui est
considéré comme le bien par tout le monde c’est à dire pour
l’indépendance des peuples, contre l’humiliation, contre les
atteintes à la dignité humaine, contre la torture, contre
l’agression.
David
ABBASI : C’est à dire que
vous ne croyez pas à la dualité du mal et du bien, du Noir et du
blanc, vous croyez qu’une troisième entité peut exister comme le
gris ?
Jacques VERGES :
Non je crois que les choses sont beaucoup plus complexes. Le blanc
n’est pas tout à fait blanc et le noir n’est pas tout à fait noir.
David ABBASI
: Croyez-vous en Dieu ?
Jacques VERGES :
Je crois en l’homme.
David ABBASI
: C’est l’Homme qui a créé le Dieu ?
Jacques VERGES :
Je ne sais pas.
David ABBASI
: Une force du cosmos qui peut être plus forte que l’homme ?
Jacques VERGES :
Je crois que rien n’est plus fort que l’homme. On le voit
aujourd’hui, on l’a vu hier. Quand la France a combattu le FLN
algérien et les algériens étaient moins fort du point de vue
militaire et de l’armement et ils ont gagné. Les vietnamiens ont
gagné à la fois contre la France et les Etats-Unis. C’est l’homme
qui a gagné, c’est son courage.
David ABBASI
: L’homme contre l’homme ?
Jacques VERGES :
Non l’homme contre la machine. La force morale contre la force
matérielle. L’homme avait moins de matériel. Les vietnamiens quand
ils ont battu les Américains, ils n’avaient pas d’avions. Quand ils
ont battu les Français, ils n’avaient pas de chars. Les Algériens
ont gagné leur guerre et ils n’avaient ni avions ni chars. Ils
avaient du courage.
David ABBASI
: La foi.
Jacques VERGES :
De la force morale.
David ABBASI
: Est-ce que la force morale et le courage peuvent faire gagner
contre les grandes puissances ?
Jacques VERGES :
Sûrement.
David ABBASI
: C’est l’histoire.
Jacques VERGES :
On a qu’à voir en Irak aujourd’hui. Les Américains sont avec une
armée extraordinaire, c’est la plus grande puissance militaire du
monde et ils ont frappé un pays beaucoup plus faible…c’est une
défaite morale, une défaite politique, ils n’ont réussi à réaliser
leurs objectifs et maintenant ils ne savent pas comment s’en sortir.
David ABBASI
: Est-ce que c’est une faiblesse des américains ou la force d’autres
services de renseignement sur place qui peuvent manipuler plusieurs
tendances idéologiques politiques mon cher Maître ?
Jacques VERGES :
Non, c’est vrai qu’il y a des forces étrangères mais quand des
hommes acceptent de mourir pour une cause, cela montre très bien que
cela est une force morale.
David ABBASI
: Ce n’est pas une faiblesse de mourir pour une cause, cela dépends
de la cause mon très cher Maître ?
Jacques VERGES :
Certains disent que la fin justifie les moyens, peut-être la manière
de faire la guerre la justifie aussi. Les gens qui se battent et qui
se sacrifient pour une cause…les irakiens qui se battent quelque
soit leur tendance se battent pour la dignité de leur pays, pour la
dignité humaine, se battent contre Abou Graib qui est une
monstruosité. Quand vous voyez des gens nus mourant tirés par une
laisse par une jeune fille qui rit, nous sommes en pleine barbarie.
Pendant la guerre en Algérie c’est la torture qui a été la défaite
morale du gouvernement français.
David ABBASI
: Croyez-vous que des messagers ou des prophètes étaient des choses
positives dans l’histoire humaine ?
Jacques VERGES :
Sûrement.
David ABBASI
: On revient à la première question, Dieu prophète important même
dans les combats. Vous citez l’Irak, l’Irak d’aujourd’hui ne pouvait
pas continuer son combat contre les américains sans prophète, sans
Dieu.
Jacques VERGES :
Oui sans cette croyance qui est respectable mais vous savez les
vietnamiens se sont battus sans référence à Dieu. Mais ils avaient
une croyance dans la nation vietnamienne
David ABBASI
: En philosophie, on dit toujours que l’objet auquel vous croyez
n’est pas important, l’important est d’y croire.
Jacques VERGES :
Les vietnamiens croyaient au Vietnam, leur culture…
David ABBASI
: Il existait quelque chose en dehors de l’être humain, la pensée.
Jacques VERGES :
Non la nation, la culture n’est pas en dehors de l’être humain.
David ABBASI
: Cela divise le peuple.
Jacques VERGES :
Non, les vietnamiens étaient unis dans le combat sinon ils
n’auraient pas gagné la guerre.
David ABBASI
: On va résumer, Dieu existe et les prophètes sont justes.
Jacques VERGES :
Ils existent et représentent un moment dans l’humanité.
David ABBASI
: La plupart des gens que vous avez défendu était des croyants…leurs
actes suivaient une croyance. Vous, Maître Jacques Vergès, ne
défendiez-vous pas l’objet qu’ils croyaient, savoir s’il était juste
ou non. Vous défendiez l’individu dont les valeurs n’étaient pas à
100% comme les vôtres.
Jacques VERGES :
Je défendais les individus et leurs valeurs. Les valeurs des
algériens étaient l’indépendance de l’Algérie. J’ai défendu des
felaides palestiniens, certains étaient musulmans et d’autres
chrétiens
David ABBASI
: Toujours une croyance.
Jacques VERGES :
Mais c’était pour l’indépendance de la Palestine.
David ABBASI
: Mais s’ils n’étaient pas croyants, comme Jésus le sauveur, l’Islam
politique révolutionnaire qui a changé le monde, jamais ils
n’auraient pu être felaides.
Jacques VERGES :
Parmi eux, il y avait des marxistes…
David ABBASI
: Georges Arash …
Jacques VERGES :
Je ne parle pas de ceux que je n’ai pas défendu.
David ABBASI
: Je vais vous confier un secret.
Jacques VERGES :
Oui.
David ABBASI
: Vous connaissez, Georges Arash…vous savez malgré qu’ils étaient
socialistes, communistes, marxistes mêmes des représentants de Fidel
Castro dont l’Ambassadeur de Cuba en France il y a deux. Quand on
discute à la fin on arrive à quelque chose, de temps en temps on va
le nommer le Dieu, la force organisatrice de monde mais ils
croyaient en des choses plus fortes que l’être humain.
Jacques VERGES :
C’est possible.
David ABBASI
: C’est pour cela qu’on ne peut pas donner sa vie sans penser que
cette vie on va la donner pour quelque chose plus importante que
l’individu.
Jacques VERGES :
Oui c’est vrai.
David ABBASI
: Croyez-vous à l’éternité de l’esprit et le retour de l’esprit mon
cher Maître ?
Jacques VERGES :
C’est une question à laquelle je pense sans arrêt sans pouvoir
trouver de réponse.
David ABBASI
: Mais dans le fond Maître Jacques Vergès, croyez-vous que l’esprit
est éternel ?
Jacques VERGES :
Cela dépends de ce que vous appelez esprit.
David ABBASI
: Maître Jacques Vergès savez-vous que vous êtes un mythe dans le
monde ?
Jacques VERGES :
C’est possible.
David ABBASI
: A votre avis vous êtes un mythe messager ou un prophète ?
Jacques VERGES :
Je ne suis pas un prophète, je n’ai pas cet orgueil. C’est vrai que
je suis connu et je représente pas par moi-même mais par ceux que
j’ai défendu depuis 50 ans, un demi-siècle, tous ceux qui se battent
contre le colonialisme, tous ceux qui se battent contre l’agression,
tous ceux qui se battent contre la torture, la domination des plus
forts, voilà ce que je représente.
David ABBASI
: Est-ce que la Terre, le pouvoir toujours était à la main du mal,
du diable ou on avait de temps en temps des pouvoirs humanistes.
Jacques VERGES :
Je crois qu’il existe des moments dans l’histoire des pays et de
l’humanité ou à un moment le pouvoir était humaniste.
David ABBASI
: Vous pouvez nous donner quelques exemples mon cher Maître ?
Jacques VERGES :
Lors de la seconde guerre mondiale à 17 ans, je m’engage dans les
troupes du Général De Gaulle, il et bien évident que les forces du
Général De Gaulle représentait vraiment un pouvoir juste qui se
battait contre l’Allemagne nazi, il se battait contre les
collaborateurs en France et en même temps nous étions une armée qui
menait une guerre propre. Nous étions victorieux avec une guerre
propre. Quand on entrait dans un village en Italie, on ne mettait
pas de feu, on ne violait pas les femmes et la même chose en
Allemagne.
David ABBASI
: C’est à dire que la France a construit des écoles, les
britanniques des mosquées, c’est cela que vous voulez dire ?
Jacques VERGES :
Ce n’est pas cela du tout. Vous parlez des britanniques, je n’arrive
pas à comprendre comment à Babylone les Britanniques ont pu démolir
le palais…pour moi cela est inexplicable. Je ne peux pas comprendre
en entrant à Bagdad les Américains ont protégé l’Institut du pétrole
et laisser piller le musée archéologique et piller non pas par des
vandales mais par des experts. Les copies n’ont pas été volées, les
œuvres authentiques ont été volées. Ca c’est ce que je n’admets pas.
David ABBASI
: Cela a toujours été l’attitude et les méthodes des vainqueurs.
Jacques VERGES :
Pas toujours.
David ABBASI
: Un vainqueur positif sauf le Général De Gaulle.
Jacques VERGES :
Par exemple quand les romains ont conquis la Grèce, Alexandre s’est
brouillé avec ses généraux par respect pour la civilisation perse.
David ABBASI
: Par exemple, Alexandre, avant d’attaquer la Perse, lui-même a eut
une admiration pour cette civilisation, ce n’est pas le cas, il se
voyait comme l’enfant de la Perse surtout après tout ce que lui
avait dit sa mère, il ne se croyait pas comme l’enfant de Philippe
mais de la Perse. Pourtant ses soldats ont brûlé des villes, ont
volé nos avesta, 120 ouvrages… mais c’était mieux de les brûler pour
ne plus les utiliser ! alors pour vous Maître Jacques Vergès qui
êtes un homme courageux, ce n’est pas une honte de dire cela, Maître
Jacques Vergès c’est un homme courageux alors pour vous la peur
c’est quoi ?
Jacques VERGES :
Je ne sais pas.
David ABBASI
: Alors pendant un certain on avait misé sur votre tête ?
Jacques VERGES :
Le gouvernement français, le premier ministre de l’époque avait
donner l’ordre aux services spéciaux d’abattre quatre avocats.
Numérotés 1.2.3.4. le 1 a été tué, j’étais le numéro 2. Le colonel
qui est en réserve aujourd’hui, qui n’est plus en activité reconnaît
que c’est lui qui a organisé l’assassinat sur l’ordre du premier
ministre de l’époque.
David ABBASI
: Quand on parle de Mossad ce n’est pas vrai car Thierry Jean-Pierre
dans son livre parle de Moussa, service de renseignement israélien
qui voulait vous tuer donc c’était la France.
Jacques VERGES :
L’un n’exclu pas l’autre.
David ABBASI
: Pourquoi ?
Jacques VERGES :
Le Mossad peut vouloir tuer des gens et les services spéciaux
français à un moment aussi.
David ABBASI
: Le Mossad n’a jamais oublié ou raté ses cibles. Vous connaissez,
vous savez cela mieux que moi mon Cher Maître. Le Mossad, s’il
voulait tuer quelqu’un même dans 5, 10 ou 20 ans il arriverait à son
but.
Jacques VERGES :
Oui je sais que le Mossad a tué un garçon de café marocain à
Lillehammer en Norvège en pensant que c’était Salamé donc le Mossad
n’est pas infaillible non plus…
David
ABBASI : A 82 ans, grâce
au ciel vous êtes toujours vivant, les menaces qui existaient à
l’époque malgré tout ce que vous avez fait, nous connaissons
l’histoire avec des individus qui font très très peu par rapport à
ce que vous faites et qui sont liquidé tout de suite comment cela se
fait que vous restez vivant !
Jacques VERGES :
Peut-être.
David ABBASI
: Mon cher Maître, vous avez défendu plusieurs chefs d’Etat,
avez-vous travaillé pour des gouvernements ?
Jacques VERGES :
La dessus il y a une légende, inspirée par mes adversaires c’est à
dire mes ennemis. En général quand on dit que je défends des chefs
d’Etat, je défends des pays. Quelque soit le régime, on a tous un
pays. Quand une société de bâtiment française, américaine ou
allemande construit un complexe hôtelier, immobilier et commet des
malfaçons, défendre la société locale contre la société occidentale
ce n’est pas défendre les chefs mais défendre les intérêts du pays
et même si le chef est un dictateur.
David ABBASI
: On ne parle pas des trois chefs africains. Est-ce que vous avez
eut des contrats avec d’autres gouvernements. Par exemple, le
dossier de Monsieur Nagash vous a été proposé par qui ?
Jacques VERGES :
Par Monsieur Nagash.
David ABBASI
: Lui-même. C’est lui-même qui vous a payé ?
Jacques VERGES :
Il m’arrive de travailler gratuitement.
David ABBASI
: Pour Monsieur Nagash, vous avez travaillé gratuitement ?
Jacques VERGES :
Oui.
David ABBASI
: Avez-vous actuellement des contacts avec lui ?
Jacques VERGES :
Oui.
David ABBASI
: Vous savez qu’il est devenu un homme riche, un politicien, il fait
des interventions …Pour la libération de Monsieur Nagash, à l’époque
êtes-vous intervenu ?
Jacques VERGES :
Il m’a demandé d’être son avocat, il faut que j’intervienne et que
j’interviens médiatiquement et auprès des autorités françaises.
David ABBASI
: Dans les négociations ?
Jacques VERGES :
Je ne suis pas intervenu. J’ai créé une situation qui forçait les
autorités françaises à négocier.
David ABBASI
: Pouvez-vous nous donner un peu d’explications ? Comment avez-vous
créé cette médiatisation ?
Jacques VERGES :
C’est simple. Monsieur Nagash a fait la grève de la fin et tous les
jours je faisais un communiqué aussi bien à l’AFP, l’agence
iranienne l’IRNA donnant l’état de santé de Nagash montrant qu’il
pouvait mourir, qu’il n’avait pas les soins nécessaires et que la
prison ne pouvait pas lui apporter les soins nécessaires et donc
mobiliser l’opinion aussi bien en France que je l’imagine en Iran
jusqu’à ce que les autorités françaises à la fin négocient non plus
avec moi mais avec les iraniens.
David ABBASI
: Qu’à obtenu la France de cette libération ?
Jacques VERGES :
Je ne sais pas.
David ABBASI
: Plusieurs milliards de contrats peut-être. Vous savez la France
depuis Jacques Chirac surtout a signé de bons contrats avec la
République Islamique d’Iran.
Jacques VERGES :
Je ne sais pas mais je ne vois pas pourquoi il ne le ferait pas.
David ABBASI
: Après l’échange de Nagash.
Jacques VERGES :
Non, Nagash était du temps de Mitterrand…
David ABBASI
: L’histoire du dossier nucléaire iranien que l’Iran a des parts
dans les sociétés boridoff françaises
Jacques VERGES :
L’Iran avait des parts et investit dans le projet EURODIF je sais et
je sais qu’il y a eut un conflit quand le nouveau pouvoir est arrivé
en Iran et qu’à la fin au temps de Monsieur Rafsandjani un accord a
été tenu mais je n’ai pas suivit.
David ABBASI
: On a entendu que vous étiez prêt à défendre Saddam Hussein mais
tout d’un coup tout a basculé dans le dossier de Saddam. Que
s’est-il passé exactement ?
Jacques VERGES :
Ce qui s’est passé est simple. Dans l’affaire de Saddam Hussein, 42
membres de sa famille m’avaient désignés mais sa fille qui était
l’invité d’honneur du roi de Jordanie avait désigné d’autres avocats
et comme il y avait un conflit d’avocats je me suis retiré car un
conflit d’avocat c’est l’échec humain assuré.
David ABBASI
: Vous pensez que si Maître Jacques Vergès était l’avocat de Saddam
Hussein cela changeait les choses ?
Jacques VERGES :
Peut-être car il est évident que le procès de Saddam Hussein a été
exigé par les Kurdes qui l’accusent d’avoir utilisé des gaz et par
les Chiites qui accusaient Saddam Hussein, après la guerre du Golf,
d’avoir fait un massacre dans le sud.
David ABBASI
: Surtout par l’Iran.
Jacques VERGES :
Oui et dont ce fossé était exigé par les Kurdes et les Chiites et
donc les Américains et leur gouvernement sur place qui collabore
avec eux on ouvert ce procès mais ce procès ne pouvait pas avoir
lieu avec la présence de Saddam Hussein car Saddam Hussein aurait pu
dire si vous m’accuser d’avoir utiliser des armes de destruction
massive, c’est vous qui me les avez vendu. Vous m’accusez d’avoir
bombardé des gens dans la région du sud, dans les marées où il y a
des Chiites mais vous étiez les maîtres du ciel donc vous êtes mal
placés alors si vous me considérez comme coupable que Monsieur
Rumsfeld s’assoie à ma droite et Monsieur Dick Chenney à ma gauche.
A ce moment-là il fallait ouvrir le procès et que Saddam Hussein y
soit alors on a fait un procès qui est une manipulation, on a fait
un procès pour un attentat manqué contre Saddam Hussein et la
condamnation à mort d’un certain grand nombre de villageois par un
tribunal spécial et on le poursuit. On l’a condamné à mort et on l’a
pendu. C’est à dire que le procès pour les Kurdes et les Chiites
pourrait avoir lieu sans la présence de Saddam Hussein. C’était le
but donc j’aurais dénoncé ce procès comme une manipulation. Je ne
pense pas que ça a été fait. La deuxième chose est que les autorités
américaines en 2003 ont suspendu la peine de mort en Irak et la
peine de mort a été rétablit en 2004 par le gouvernement irakien et
donc si Saddam Hussein était jugé en 2003 on ne ouvrait pas le
condamner à mort et c’est le contraire de toutes les normes
internationales que d’appliquer après coup une sentence plus sévère
que les années auparavant pour des faits antérieurs. D’autre part
quand je pensais être le seul avocat de Saddam Hussein, je voulais
porter plainte à la Cour Pénale Internationale créée par le traité
de Rome contre Monsieur Tony Blair pour crime contre l’humanité.
Pour je Tony Blair parce que je ne pouvais pas porter plainte contre
Monsieur Bush car les Etats-Unis n’ont pas reconnu la compétence de
la Cour Pénale Internationale tandis que l’Angleterre, l’Europe l’a
reconnu. Je visais son co-auteur, son co-responsable de tous les
crimes en Irak, les massacres des villageois, le crimes contre
l’humanité, les tortures à la prison d’Abou Graib. Si j’avais été
dans le procès j’aurais suivis la-dessus et il est évident que si
Monsieur Tony Blair serait entendu comme témoin, on aurait entendu
parler beaucoup plus de Monsieur Tony Blair que de Monsieur Saddam
Hussein. On aurait parlé beaucoup plus de Abou Graib que d’autres
choses mais je n’ai pas été l’avocat de Saddam Hussein. Je le
regrette. Certains disent que c’est pour cela que je suis en vie, je
n’en sais rien. Je sais que dans son procès trois avocats ont été
tués par balle et un quatrième est à l’hôpital.
David
ABBASI : Un procès assez
dangereux.
Jacques VERGES :
Un procès dangereux et truqué. On ne peut pas appeler cela un procès
et quand on insulte quelqu’un je trouve que c’est le comble de
l’abjection.
David ABBASI
: Vous allez Voter ?
Jacques VERGES :
Cela m’arrive. Pas tout le temps.
David ABBASI
: Pour les Présidentielle vous avez voté ?
Jacques VERGES :
Oui mais c’est un secret.
David ABBASI
: Dernière question, le 11 septembre les Américains ont publié un
rapport, que pense Jacques Vergès de ce sujet ?
Jacques VERGES :
Je n’ai pas suivit toutes les enquête à ce sujet mais ce que je sais
c’est que c’est très étrange. Etrange qu’une vingtaine de personnes
de type non européen, très bronzés parlant l’américain avec un
accent arabe, vivant on ne sait pas de quoi puissent prendre des
leçons de pilotage sans étudier les procédures d’atterrissage et de
décollage, uniquement de conduire quand l’avion est en l’air et que
les services américains n’ont rien remarqué. Je suis étonné d’autant
plus qu’il y a des agents américains qui ont signalé à leur
direction qu’il y avait des choses étranges. Je pense qu’il y a
quelque chose d’anormal dans le fonctionnement des services de
renseignements américains et que d’autre part, le 11 septembre était
du pain béni pour le gouvernement américain qui voulait faire la
guerre.
David ABBASI
: Merci Monsieur Jacques Vergès de nous recevoir dans cette pièce
historique.
Au revoir.
|